mercredi 30 avril 2008

Personnalités originaires de Madaure



Apulée (en latin Apuleius, certains manuscrits de la Renaissance lui prêtent le praenomen de « Lucius ») est un écrivain d'origine berbère né à Madaure en Numidie (aujourd'hui M'daourouch en Algérie) vers 123-125 ap. J.-C. On ignore la date exacte de sa mort (vers 170), le personnage possède d'ailleurs une part de mystère.


Biographie

Apulée est né dans une famille aisée de Madaure, son père était duumvir de la cité et devait laisser à son frère et à lui un confortable héritage de 2 000 000 de sesterces. Bien que totalement romain par sa culture et son œuvre, Apulée resta toujours attaché à ses origines, n'hésitant pas à se revendiquer plus tard «mi-numide et mi-gétule ». Saint Augustin a dit de lui : « chez nous, Africains, Apulée, en sa qualité d'Africain, est le plus populaire». Son degré d'adhésion à la romanitas fait l'objet d'un débat.

Il étudie la rhétorique et la littérature à Madaure, puis à Carthage, et enfin à Athènes, où il s'intéresse à la philosophie néo-platonicienne et au sophisme. Doué d'un talent d'orateur, il devient avocat à Rome avant de mener une carrière de conférencier itinérant dans son pays natal. Parlant aussi bien le latin que le grec, il peut même passer sans problème d'une langue à l'autre au cours du même discours.

Au cours d'un de ses voyages, il rencontre à Oea (l'actuelle Tripoli) une riche veuve, Emilia Pudentilla, qu'il épouse. Accusé par sa belle-famille d'avoir usé de magie, il plaide sa propre cause lors d'un procès à Sabratha en 158 (avec succès : il sera acquitté) et consigne sa plaidoirie dans une Apologie. De son temps, Apulée a été considéré comme un adepte de la magie, voire comme un thaumaturge. C'est surtout un homme doué d'une curiosité exceptionnelle, dans tous les domaines, initié à plusieurs cultes orientaux (dont celui de la déesse Isis) et qui fut peut-être prêtre d'Esculape.


Œuvre

Apulée a écrit de nombreux ouvrages en latin, dans une langue jugée « précieuse » , mais avec une expression claire. On peut distinguer les ouvrages « rhétoriques » (Métamorphoses, Apologie, Florides) et « philosophiques » (De Deo Socratis, De Platone et eius Dogmate et De Mundo]). L'un d'eux, l'Apologie, est une œuvre de circonstance (cf. ci-dessus).

Parmi les ouvrages conservés, le plus connu est Les Métamorphoses, également connu sous le nom de L'Âne d'or : c'est le premier grand roman en prose de langue latine, en onze livres, et le seul qui ait été conservé intégralement. Le héros est transformé en âne à cause de sa curiosité pour la magie. On y trouve le conte d'Amour et Psyché et, à la fin, une glorification de la déesse Isis.

Les Florides (Florida) contiennent plusieurs de ses discours et conférences, sur des thèmes variés.

Apulée a par ailleurs rédigé plusieurs dizaines d'opuscules sur des thèmes aussi variés que la philosophie, la religion, la vulgarisation médicale ou encore les sciences. Une grande partie de ces textes sont perdus, mais ceux que nous possédons seraient les plus intéressants. Le De deo socratis (Sur le « démon » ou dieu de Socrate) est un exposé des doctrines platoniciennes concernant les dieux et les démons. Le De mundo (Sur le monde) adapte librement un traité faussement attribué à Aristote.

Plusieurs ouvrages lui ont été attribués dont des traités de médecine, d'herboristerie et d'astronomie, tel l’Asclépius ou Dialogue d'Aslcépius et d'Hermès Trismégiste, ou encore le Peri Hermeneias, traité de logique formelle.

Résumé d’Amour et Psyché d'Apulée d'après la traduction de Claudine Sharp

Psyché, cadette d’une famille de trois jeunes filles, est réputée pour son exceptionnelle beauté qui rivalise avec celle de Vénus, d’ailleurs fort jalouse, car le peuple la délaisse pour une simple mortelle.

Pour fomenter sa vengeance, la déesse fait appel à son fils ailé Amour et lui demande de faire en sorte que Psyché s’enflamme du dernier des hommes, condamné par le sort à n’avoir ni position sociale, ni argent, ni sécurité.

La beauté de Psyché, loin d’être un atout, devient vite un poids. Tandis que ses sœurs sont mariées à deux rois, elle est condamnée au célibat et regardée par les hommes comme une simple statue. Son père, inquiet, consulte l’oracle d’Apollon qui lui répond d’exposer sa fille adorée sur un rocher afin qu’elle épouse un affreux dragon cruel et sanguinaire que les Dieux même redoutent.

En réalité, Zéphyr la conduira chez Amour, mais celui-ci ne pourra jamais montrer son visage. Heureuse, la belle Psyché coule des jours tranquilles, jusqu’à ce qu’elle invite ses sœurs qu’elle pare de bijoux. Ces dernières deviennent maladivement jalouses et souhaitent alors lui nuire. Elles inventent donc un terrible mensonge, disant à leur sœur cadette que son compagnon se cache sous les traits d’un horrible serpent qui la dévorera, une fois que l’enfant qu’elle porte, sera né. Psyché, tremblante et pâle finit par avouer son secret à ses méchantes sœurs, en leur répondant qu’en effet, elle n’a jamais vu le visage de son conjoint qui refuse de le montrer.

Influencée par ces discours perfides, Psyché décide de tuer son amant. Au moment d’accomplir cet acte criminel, elle s’aperçoit, grâce à la lampe à huile encore allumée, que cet être n’est autre qu’Amour. Ce dernier, réveillé par une goutte d’huile sur sa peau, se rend compte que Psyché l’a trahi en ayant découvert son identité. Pour la punir, il s’enfuit.

Psyché décide alors de se venger de ses sœurs qui périssent toutes deux, dévorées par des oiseaux et des bêtes sauvages, voulant charmer Amour sur le fameux rocher.

Parallèlement, Vénus apprend que son fils lui a désobéi et qu’il s’est épris de Psyché, sa rivale. Elle en est donc furieuse et le réprimande violemment.

Quelque temps après, Psyché va prier Cérès et Junon de l’aider à retrouver son amant enfui, mais les deux déesses refusent de lui apporter leur soutien, ne désirant pas trahir Vénus.

La belle jeune femme, désespérée, décide de se livrer à la déesse de l’Amour. Celle-ci lui fait passer trois épreuves dont elle sort victorieuse, grâce à l’aide d’éléments extérieurs. Amour, guéri de sa blessure, se porte à son secours cependant lors de la dernière épreuve, lorsque Psyché, toujours trop curieuse, ouvre la boîte interdite qui l’endort dans le séjour des morts.

Suite aux prières insistantes de son fils Amour, Jupiter marie les deux jeunes gens éperdus et convainc Vénus de se joindre à la fête.

A l’issue des neuf mois de grossesse, Psyché accouche d’une fille, prénommée Volupté.

Article wikipedia.


Maxime de Madaure, orateur et grammairien latin de la fin du IVe siècle. Ami de Saint Augustin aux écoles de Thagaste l'actuelle Souk Ahras en Algérie. Il professa plus tard dans sa ville natale Madaure M'daourouch actuellement, en Numidie. Païen convaincu, mais d'esprit large et tolérant, il resta toujours en bonnes relations avec son ancien condisciple l'évêque d'Hippone, et il lui soumettait ses objections contre le christianisme. Nous possédons aujourd'hui l'une de ces lettres.


Martianus Capella , astronome et écrivain romain né vers 439 à Madaure ou à Carthage selon d’autres historiens. Il est célèbre par son ouvrage encyclopédique intitulé; Les Noces de Philologie et de Mercure. Voir article détaillé sur wikipedia


Par S.BOUALI

mardi 29 avril 2008

Madaure, ma ville et ma passion



Madaure, ma ville et ma passion…

Le douar a bougrement gonflé. Il a surtout poussé vers les piémonts du djebel Boussessou, dans un désordre aux couleurs vaguement grisâtres; ce qui laisse penser que cette extension a été faite sans tenir compte des règles élémentaires de l’urbanisme ou de l’architecture. Ain Hadjar est un bourg sans prétention, peuplé d’un conglomérat de paysans misérables et de chômeurs, tous n’ayant pas de quoi offrir le minimum à leurs progénitures. Etalée aux pieds d’une belle montagne de pins, cette traînée de grosse misère se trouve à quelques encablures des ruines romaines de Madaure, cité antique connue pour avoir donné naissance à Apulée, considéré comme l’inventeur du roman moderne avec son « Ane d’or » dont feu Doudou a traduit brillamment le texte en arabe. Voilà un algérien – au sens où le territoire numide de l’époque fait partie aujourd’hui de l’Algérie-, voila un fils de ce pays, originaire de ses entrailles, célèbre dans le monde entier et l’un des rares à figurer dans toutes les encyclopédies et les dictionnaires, qui est superbement ignoré par les autorités centrales et locales au point où un débat byzantin et houleux s’est instauré lorsqu’un intellectuel du coin a proposé de désigner le lycée de M’daourouch du nom d’Apulée.
J’ai entendu un ancien responsable local dire que ce « type », inconnu selon lui, ne méritait pas cet honneur ! Un autre lui a dénié le titre d’Algérien, car « il a écrit en latin » ! Un troisième pense qu’il s’agit d’un romain colonisateur ! Autant d’inepties peuvent être entendues tous les jours, n’importe où, à propos de cette riche histoire d’avant l’islam que nous envient pourtant beaucoup de peuples ! Des dolmens de Roknia aux peintures rupestres du Tassili, chaque pouce de cette généreuse et fière terre regorge d’histoire, pullule de témoignages sur des racines plongeant dans les profondeurs du temps, fourmille d’archives à ciel ouvert ! Certains cercles d’obscurantistes, tout en nous contestant un avenir dans la modernité, veulent nous priver d’une partie de nous-mêmes, en « censurant » l’histoire de nos aïeuls ! Si la question de l’islam en Algérie a été réglée depuis longtemps et ne souffre d’aucune contestation quant à son implantation, sa généralisation et son unicité dans un pays qui, à l’instar de ses voisins maghrébins, pratique tranquillement sa religion dans la tolérance et la fraternité, il n’en est pas de même des autres composantes de notre personnalité et des autres pans de notre longue et mouvementée histoire qui souffrent d’une marginalisation incompréhensible.
L’Algérie a existé avant l’islam et a donné au monde des personnalités exceptionnelles à la dimension universelle. Avec Apulée, nous pouvons citer cet autre algérien, fils de Thagaste, l’actuelle Souk-Ahras, distante d’une trentaine de kilomètres de Madaure. Celui qui est considéré comme l’un des piliers de l’église chrétienne est renié par ces mêmes cercles qui le traitent de « mécréant », lui qui a vécu bien avant l’émergence de l’islam ! Des imbéciles heureux ont débaptisé la rue qui porte son nom à Annaba (partant du Cours de la Révolution et menant vers la Place d’Armes) et c’est par miracle que le lycée local n’a pas connu le même sort malgré plusieurs tentatives ! Cet Algérien a étudié à l’université de Madaure à l’époque où cette cité brillait par le savoir et la connaissance. Peuplée de riches possédants, cette ville était célèbre par son université, l’une des premières – avec Carthage – du continent africain et le mécénat culturel de ses habitants. Ce qui attirait une foule composite d’hommes de lettres, de philosophes, de grammairiens, de mathématiciens et de rhétoriciens. Grandeur et décadence ! M’daourouch, la fille de Madaure dont elle porte toujours le nom (M’daourouch est une déformation du nom latin Madauros), est aujourd’hui une ville insipide, vide culturellement, morte scientifiquement et livrée aux affairistes de tout bord !
En parcourant les chemins oubliés de Madaure, livrés à l’herbe folle et aux reptiles, je suis toujours saisi par une très forte émotion et je ne sais plus si c’est par rapport à mes souvenirs d’enfance si intimement liés à l’ocre sauvage de ces ruines ou parce que les terribles vents de l’histoire qui s’engouffrent dans les dédales de cette cité de légende, semblent porter les voix des êtres qui vivaient ici, dans le tumulte des rues gonflées de vie, l’éclat des rires juvéniles et les cris des vendeurs du marché local. Dans les labyrinthes de la cité oubliée, du côté du fort byzantin encore miraculeusement débout, j’ai parfois l’impression de voir filer une ombre furtive. Une Madaurienne drapée dans sa tunique d’un blanc immaculé ? Un prêtre activant le pas pour rejoindre la chapelle dont la tour se dresse toujours à quelques mètres de la ferme des Belhouchet ? Peut-être est-ce le fantôme de Saint Augustin, sortant de l’Université encore debout, immense bâtisse reconstruite par les premiers archéologues qui travaillèrent ici ; ou l’esprit d’Apulée, s’apprêtant à partir vers la lointaine Tripolitaine pour y étudier les mystères de la sorcellerie ?
Qui êtes-vous pour prétendre effacer, d’une bêtise dont vous ne mesurez même pas la portée, toute cette histoire incrustée dans chaque pierre, chaque statue, chaque stèle de ma ville bien aimée ? Qui êtes-vous pour vouloir nous priver de mémoire, nous rattacher par n’importe quel moyen à un monde qui nous est étranger ! Il faut être juste, même si cela ne fait pas toujours plaisir à certains, et reconnaître le rôle joué par Abdelaziz Boutefika dans cette « renaissance » de la mémoire et la réhabilitation de cette partie de notre histoire, sujette à tant de manipulations. Mais il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin, sinon tout le travail accompli et la sensibilisation opérée n’auront servi à rien. La tâche est immense. Commencez par enseigner Apulée de Madaure et ses textes à nos enfants ! Cet illustre écrivain mérite d’être reconnu par les siens. « L’Ane d’Or » est un merveilleux conte philosophique qui mettait en valeur, déjà, l’humanisme. C’est l’œuvre magistrale d’un précurseur tant dans sa forme d’écriture moderne que dans sa visée pédagogique. Certains y ont vu la dénonciation du colonialisme romain à travers les yeux d’un homme transformé en âne par sa curiosité maléfique pour la magie. Lisez-le et ajoutez ce livre à votre collection de Dib, Kateb Yacine, Mammeri, Malek Haddad, Moumeni, Djaout et tant d’écrivains ayant « volé » à l’envahisseur sa langue pour l’utiliser comme « butin de guerre ». Apulée de Madaure est de ceux-là, même si son parcours est controversé pour certains. Cet Algérien, fils de ces mêmes montagnes qui surplombent le bourg de Ain Hadjar, aujourd’hui tristes et sans âme, mérite que l’on s’intéresse à ses oeuvres et que l’on réhabilite sa mémoire afin que les jeunes générations sachent que cette terre, riche en histoire et féconde en culture, n’est pas le pays du néant !
J’ai fait un rêve. J’ai vu nos grandes universités s’ouvrir à cette partie fertile de notre mémoire collective. J’ai vu les ruines romaines de Madaure élevées au rang de cité d’art et d’histoire avec toutes les infrastructures et les commodités pour recevoir les visiteurs. J’ai vu des guides multi langues accompagner des cohortes de curieux cherchant les traces de Saint Augustin et d’Apulée. J’ai vu le fronton de l’établissement secondaire de M’daourouch portant l’inscription « Lycée Apulée de Madaure ». J’ai vu des librairies et des bibliothèques garnies de livres sur Saint Augustin, Apulée et tant d’autres piliers de la grammaire latine dont Madaure était le centre de rayonnement. J’ai vu l’Algérie, réconciliée avec son passé, fière de toutes les composantes de sa personnalité, élever des statues à ses hommes célèbres, sans distinction d’époques ou de religions.
En attendant que ces rêves se réalisent, je dois avouer que j’ai été récemment surpris et heureux de rencontrer dans les rues pavées de Madaure des petits groupes de touristes étrangers qui, malgré les recommandations –exagérées parfois- de leurs pays, n’hésitent pas à venir jusqu’ici en quête des savoir sur Saint Augustin. Ce départ timide du tourisme religieux peut être encouragé par l’Etat avec des mesures incitatives et la création d’un minimum d’infrastructures d’accueil. A ce titre, et pour l’anecdote, M’daourouch attend toujours le seul projet dont elle a bénéficié dans le cadre d’un programme spécial datant des années soixante-dix : un musée pour mettre en valeur le riche patrimoine archéologique de la région !
En cette fin novembre, l’automne ne sait plus quoi faire, tantôt agité par les bourrasques qui affolent l’herbe nouvelle dans les champs gorgés d’eau, tantôt bercé par un soleil dont les apparitions se font de plus en plus timides. Ain Hadjar a encore besoin de se chauffer. Le bois est disponible à côté. Et cette forêt qui recule sous les coups de hache ne sera bientôt qu’un famélique bosquet si les gardes forestiers ne se mobilisent pas pour arrêter le désastre. Mais le butane coûte cher et l’on ne parle pas encore de l’arrivée du gaz de ville. Et les gens n’ont rien à bouffer… Pourtant, un trésor dort à quelques centaines de mètres : Madaure, ma ville et ma passion.

Par M Maamar FARAH fils de M'daourouch